une société

Publié le par le petit poète

le clochard de la rue Saint-Lazare
a qui tous les soirs je donnais
en passant à sept heures moins quart
quelques francs pour subsister
a du ailleurs aller s'asseoir
ou, a disparu à jamais.
je me souviens de son regard
où son intelligence brillait
sa gêne à vivre sur un trottoir
à dépendre de notre pitié.
sur la ligne creteil-balard
toutes les rames sont arrêtées
un homme sur la voie s'est jeté
le bruit court que c'est un clochard.
un "badaud", un "parasite", un "saoulard"
surenchérissent dégoûtés
ceux qui essayent de s'approcher
d'un homme aux guenilles déchirées
sous une rame déchiqueté.
"que m'importe si c'est mon clochard"
me dis-je pour me rassurer
tout en retournant vers st-lazare
où j'ai l'espoir de le trouver.
de très loin me fixe son regard
signifiant qu'il me reconnaît
escomptant sans doute de ma part
que dans sa boîte j'aille déposer
quelques francs juste pour l'aider.
immobile au sein d'une foule pressée
je le contemple les yeux hagards
je brûle d'envie de l'embrasser
lui explique mes craintes, mon retard
et l'invite à boire un café.
une société
une vie qui va sans aller
est une vie qui passe sans passé‚
à  20 ans on veut mourir
trop conscients de n'avoir pas vécu
à  60 on veut rester
mais rester pour quel avenir
vivre ce que l'on ne vivra plus
ou végéter quelque temps de plus......
 
avoir un passé‚ riche
est une richesse
avoir un avenir rose
n'est qu'une hypothèse

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