24 heures de la vie d’un poète

Publié le par le petit poète

24 heures de la vie d’un poète24 heures de la vie d’un poète
 

« l’aurore a déployé son draps bleu à pois blancs
la ville semble gagnée par les cris des marchands
les fers des chevaux résonnent sur le pavé
un train tout en sifflant paraît se rapprocher
une épaisse fumée monte de ses machines
une odeur de café mêlée à des toxines »
en clair, il est 9 heures, elle a dû relever les volets à son réveil et ouvrir la fenêtre pour m’obliger à m’éveiller. dehors le chantier a repris son activité, marteaux piqueurs, camions...les usines, la circulation.
j’espère qu’elle a fait suffisamment de café.
vraiment crispante la sonnerie de ce réveil matin.
je trouve sur la commode un petit billet doux
dans lequel la duchesse me confie son amour
elle m’écrit : mon héros, mon noble chevalier
si vraiment vous m’aimez, il faut que vous m’aidiez
elle veut que mon épée transperce son époux
que je fasse …………la vaisselle le ménage et les courses !
elle ne comprendra décidément jamais que les tâches ménagères nuisent à l’inspiration ;
que réfléchir, observer rêver, ça n’est pas ne rien faire
que j’ai besoin de voir la vie de voir des gens, pour trouver l’inspiration
dans cette intention je vais d’ailleurs de ce pas me rendre au bistrot.

à l’entrée du saloon je balaye du regard
plusieurs tables de jeux et les hommes au comptoir
les filles du horse crazy sur mon chemin se pâment
un célèbre hors la loi jette à mes pieds son arme
le barman inconscient ose s’adresser à moi
« et pour le petit monsieur ce sera quoi ? »
« euh, un café »
j’ai fait un « quinté plus » acheté des cigarettes.. je vais rentrer.. minable ce troquet ; ça n’est pas là que je trouverais matière à réflexion, philosophie de comptoir au mieux, le journal télévisé peut-être……..
l’intérieur du château est vaste et accueillant
les cuisines sont garnies de cuivres rutilant
partout des domestiques s’activent pour le repas
que la duchesse donne, son invité c’est moi
« mon ami, mon amour , que souhaitez vous manger ? »
« je crois que je vais prendre……….. une pizza surgelée »
oui ,c’est ça je vais me faire un plat au four, ça ne salira pas trop de vaisselle
alors , qu’est-ce qu’il y a à la télé ?
la guerre du mois fait toujours rage
les chômeurs sont toujours au chômage
quelques faits divers (bien sinistres)
on médiatise quelques ministres
(augmentation des prix du pétrole
de ceux du tabac et des alcools
j’éteins
tant pis pour les prévisions météo, mais certains jours même la conversation de ma compagne est plus intéressante;  c’est dire...
il serait temps que je m’installe pour écrire...
(un long moment s’écoule, on se resserre du café , on joue avec les feuilles blanches on teste le stylo ,,,,,
un seul être vous manque et tout est dépeuplé(Lamartine)
vieille comme le monde est cette fatalité  (Musset)
oui j’avais un trésor je ne l’ai plus qu’en mémoire( marceline desbordes  valmore)
m’entrant dans l’âme avec tous les frissons du soir(Hugo)
je suis le ténébreux le veuf l’inconsolé
ma seule étoile est morte et mon cœur désolé(Gérard de Nerval)
personnellement si ma petite étoile venait à s’éteindre, c’est non seulement mon cœur qui serait désolé, mais ma situation sociale qui serait désolante
tiens écoutons les résultats des courses
je ne peux quand même pas apporter ces vers volés à mon éditeur pour lui montrer le bon avancement de mes écrits
l’idéal serait de pouvoir coucher sur le papier le plus beau vers de la langue française, celui que tout le monde connaîtrait et dont l’auteur serait définitivement intronisé chantre de la poésie
je me concentre, j’inspire ,,, allons-y
« les lions blancs allongés miaulant à manger »
(mirobolant)
« d’un fin philosophe ayant filé au zoo »
fulminerait la sophistiquée critique
ou plutôt
« ma mie à moi m’aima un moi  à Miami »
mi moi mi mi minable
je devrais peut-être m’essayer à l’holorime
le vendeur  d’or loge dans sa boutique tactique
le vendeur d’horloge danse à bout tic tac tic ...

« comme ces vers sont charmants , mon amant
écrivez en sur moi et j’obtiendrais du roi
une bourse une rente et divers mécénats »
il serait d’ailleurs temps que je prenne contact avec mon éditeur pour une petite avance il faut parfois surmonter ses réticences sa timidité à quémander un peu d’argent
ah quel drame que la timidité à laquelle je dois entre autres choses le physique déplorable de mon épouse à qui je dédie ces vers inspirés par une autre  
« il n’est ni pleurs ni drame
dans le cœur d’une femme
qu’un poème ne console
que des fleurs ne pardonne »
 
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Un intellectuel, c’est quelqu’un qui a trouvé quelque chose de plus intéressant que le sexe. Edgar Wallace

Publié dans humour et poésie

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