à la terrasse d'un café....

à la terrasse d'un café
au nez des jupes des passantes
ils ont évoqué le passé
de leur mémoires déclinantes.

-" et de Cécile tu te souviens?"
"ses cheveux blonds et ses longs cils"

-" n'était-elle pas brune, ce matin?"

-" comme elle a pu m'aimer Cécile"
"et la toute belle Sandra?"
" combien de jours, combien de nuits"
" ais-je au juste passé dans ses bras ?"

-"et bien que laide , elle est partie !"

-" combien ais-je séduit de femmes?"
"combien ont pu me résister?"

-"un grand nombre, vieux mythomane"
" souvent seul tu es resté".

-" je sais bien qu'aujourd'hui encore"
" je pourrais faire des conquêtes"
" je laisse aux jeunes ce doux sport"
" il faut savoir prendre sa retraite"

à la terrasse d'un café
dans l'indifférence des passantes
ils ont remodelé le passé
de leurs mémoires déclinantes.

Les liaisons commencent dans le champagne et finissent dans la camomille.
Valéry Larbaud