L'ÂME

la syphilis m'emportera
ou le cancer, par le tabac
ma troisième vertu, la littérature
par trop de lecture, m'aveuglera.
j'emporterai dans mon trépas
un cerveau gonflé de milliers d'idées,
ses circonvolutions et ses boursouflures
feront une place à mes aventures.
mais après une année d'inactivité
dans mon corps sans vie
il dégénèrera et se scindera
en nombreuses vermines et bactéries
emportant chacune une partie de moi.

mais leurs générations thésauriseuses conserveront
sinon mon nom, sinon mon souvenir
un morceau de moi.

l’âme, c'est la vermine qui nous absorbe !

Chaque jour peut être le dernier
Et particulièrement
75ans passés

l’âme est la consolation des hommes
à leur désolation.
mais c'est d'un faible réconfort
de savoir l’âme éternelle
quand on pense à son corps.

je plains les bactéries
et les tout petits vers
qui effacent de la terre
les traces de nos vies
esclaves ménagères
travaillant sans répit
à  réduire en poussières
tout ce que dieu construit

êtres unicellulaires
vous vivez solitaires
sans jamais éprouver
les joies de l'amitié
le bonheur d'un sourire
d'un mot ou d'un soupire
et pourtant vous vivez
plusieurs milliers d'années
ensembles agglutinées

mais je me plains aussi
maudites bactéries
car mon heure est venue
et je suis au menu.